Elle marche, la rue semble lui appartenir et adorer ça. Des collants à motifs, une jupe bleue, un t-shirt moulant et ses cheveux blonds sur les épaules. De loin, j’admire son dos, sa démarche. Nul besoin de proximité pour sentir sa beauté. Nul besoin de m’approcher pour deviner la souffrance, le travail, la force qu’exige cette élégance. Un petit frémissement à l’intérieur de moi, un détail insaisissable et je sais. Je sais que cette femme-là est née garçon. Face à elle, un homme écarquille les yeux, tourne la tête pour suivre le plus longuement possible sa silhouette. Il voudrait l’aborder ou peut-être la siffler parce que son désir à lui se doit d’être entendu. Mais il n’a pas osé, il s’est tu. Alors qu’elle s’en va, il reste là à l’admirer, figé par le trouble délicat qu’elle a provoqué.