La place s’agite, on installe des sièges et un piano. Bach ? Nous sommes sur sa place. Puis elles arrivent. Die Damen. Une, deux, dix, la terrasse se remplit de femmes âgées, élégantes et joyeuses. Elles, elles savent. Non, ce n’est pas Bach ce lundi, mais un groupe de jazz lituanien. Die Damen viennent tous les lundis, prendre un verre de vin – 2dl s’il vous plait – une grande bière, voire un cocktail. Elles mangent des omelettes, des frites, des Schnitzel et des gâteaux couverts de crème. Die Damen plaisantent avec leur serveur. Le chef de rang – s’il vous plait. Un monsieur qui porte bien haut sa peau foncée, ses cheveux noirs et sa parfaite mémoire des préférences de ses Damen. Elles viennent pour le concert, mais aussi pour lui. Parce qu’il fait attention. Il se penche du côté de la meilleure oreille, ne prend pas pitié du déambulateur, rit avec elles. Les Damen viennent pour lui parce qu’en faisant attention, il les voit telles qu’elles sont. Die Damen.