Texte non préparé écrit en direct et non retouché accompagnant les performances des slammeurs Djamile Mama Gao et Amagbégnon ainsi que du violoncelliste Dodji Thomas au Bamboo Numerik (Cotonou) le 13 janvier 23.
Je ne connais pas ce clavier, les lettres sont comme perdues, deplacees. Tout est différent, mais n,estce pqs dans les differences que lon trouve, que lon cherche ? Sur scene, on a déjà trouvé, on dit, on partage. Le 1er grand, mince, elegance qui monte. Le second, plus interieur, plus pres du sol. Pourtant, partout, on entend le ventre. Il pulse, vibre, dans la gorge, sur le bois, le long des cordes. Il accelere, on craint quil eclate, il ne fait que se dilater, plus grand. Plus despace, de force, de puissance. Puis la douceur, pour passer du ventre au cœur.
Et la maitrise, la tete revient, les notes se chevauchent. On vient les deranger, que croyiezvous petites cheries, quici on vous laisserait en paix ? Non ! on veut jouer, sentrelacer, se caresser, se confronter ! Rien nest fige, les mots, les cris, percutent. On les jette dans le public parce quavec lui aussi, on a des choses a faire. Et puis, on y revient, le cœur, douceurs malgre les ecorchures. On tisse malgre les dechirures. On tisse les doigts, les chuchotis, les notes, les voix. Du cœur au ventre, on tresse lamour.
Le slammeur vodun, sa voix le precede. Nul besoin de comprendre sa langue pour savoir. On sent, dans la tendresse de la musique, la fluidite du rythme, le cri. La jeunesse tape le message. Il ne sexcuse pas, mais il doit le dire, quil ne sexcuse pas. Il explique pourquoi, il ne sexcuse pas. Il explique et dans le discours, a nouveau, on entend le cri. Un cri clair, un cri de pouvoir, un cri sans arrangement, un cri de resistance, un cri dexistence. Un cri de memoire. Et davenir.
Rédigé en résidence au Bénin sur l'invitation de Laboratorio Arts Contemporains avec le soutien de Pro Helvetia