Il est 6h. Les bagages ont été déposés, les bouteilles d’eau jetées, les chaussures enlevées, les silhouettes palpées. Ne reste qu’un obstacle au voyage : l’avion. Je m’étire, secoue mon corps qui ne sait pas encore les longues heures immobiles qui l’attendent. Sur mon ticket le siège 26F est indiqué alors je me fiche de la file et de ceux qui se pressent pour entrer dans un engin qui arrivera à la même heure pour tous ses passagers. Erreur ! Un homme derrière moi s’agite, s’agace et finit par interpeler méchamment une mère de famille. C’est par ici la queue ! Il ajoute encore, ça se passe comme ça ici, on est pas à Ouagadougou ! Le racisme choque mon cerveau somnolent comme un coup de teaser. Je me retourne et je dis hey ! Un homme grand, la soixantaine élégante, les yeux d’un bleu similaire au mien. J’aurais voulu davantage que ma bête onomatopée, mais alors que la femme passe le portique sans montrer la moindre blessure, il rougit.