Quitter la rue, ouvrir la porte sur une grosse musique américaine passée de mode. Dans la boite de nuit, il n’y a plus de Noirs. Seulement quelques femmes à la peau claire et aux allures de la diaspora revenue faire du business au pays. Mais à y regarder de plus près, le Blanc aussi est absent, au bar, sur la piste, ce sont surtout des hommes libanais, peut-être turcs, éventuellement émiratis. De « faux-Blancs » comme on les appelle ici. Ils glissent leur regard vers nous, timides, leurs yeux ne parlent pas de sexe – ils peuvent l’acheter ailleurs. Non, c’est une autre chose qu’ils aimeraient, mais mon amie est trop noire et moi trop blanche. Chacun à sa place. Comme le serveur, remis à la sienne en pleine lumière par la patronne belge. Rien ne sert de se cacher pour faire respecter l’évidence. Ne bouge pas, pas d’un iota, ce n’est pas une échelle, tous les barreaux ont été soudés. Ne bouge pas, pas d’un iota.
Rédigé en résidence à Kinshasa dans le cadre du projet GenevAfrica