Je bois un dernier thé au lait. Ce lait rwandais si merveilleux, doux, caressant, nourrissant. Je regarde les gens, je sens, j’écoute encore un peu l’air de Kigali. Bientôt l’avion. Puis quelques heures inconfortables et je serai propulsée dans un autre monde. Mon monde. Je n’arrive pas à y croire, un tel changement ne peut pas se faire si vite, si fort. Mais je sais que oui. Je sais que demain matin, il y aura davantage de voitures que de piétons, je sais que demain matin, il y aura des ordinateurs, des parfums synthétiques, des supermarchés. Je sais que demain matin, il y aura du chauffage, un agenda serré, de l’Internet haut débit, des horloges à la seconde près. Je sais aussi que demain matin, il y aura des gens. Mes gens. Seule raison valable pour monter dans cet avion.