De retour à Alger, mes pas me ramènent d’eux-mêmes à Didouche, la grande rue commerçante. Je flâne et je retrouve mon café où ma serveuse attitrée me cajole avec ses « ma chérie » et un gâteau « snickers » qui fait exploser ma glycémie aussi sûrement que mon plaisir. Mon café est toujours plein, on y trouve des femmes, voilées ou non, des hommes jeunes ou vieux, des couples, des amies, des solitaires. On se mélange. On rit, on parle – très fort – on boit des frappés, des cafés et des jus de fruits, on mange des crêpes, des gaufres et des tartes aux fraises. Je sirote mon thé, pose un livre féministe très critique envers l’islamisme à côté de mon gâteau bien entamé. Dans mon café, nul besoin de penser à en dissimuler la couverture. Dans mon café, on passe de la musique libanaise, latino et les tubes de Rihanna. Mais lorsque je lève les yeux sur l’écran d’où proviennent les tubes américains, la superbe chanteuse reste figée. Une photo. Dans mon café à Alger, on est libre, mais les clips vidéo de Rihanna, son merveilleux fessier en harmonieuse agitation, resteront dans l’intimité des téléphones.
Écrit dans le cadre d'un voyage de recherche financé par Pro Helvetia