Dans le train qui relie Nürnberg à Berlin, une famille s’installe. Ils parlent un kurde discret, des Yézidis me semble-t-il. Une très jolie famille, un papa élégant avec ses cheveux argent et sa silhouette athlétique, une grande adolescente avec son piercing au nombril, un garçon malicieux et une maman douce et fatiguée. La quarantaine, elle berce son nouveau-né. Il faut ranger la poussette dans le compartiment à bagages, mais papa ne parvient pas à plier l’engin de malheur. La contrôleuse s’approche, compatit, interroge l’adolescente qu’elle prend pour la maman alors que son piercing et son ventre plat hurlent que c’est maman et papa qui ont (encore) fait ça. On se désespère, la contrôleuse lance un appel à qui aurait de l’expérience avec les Kinderwagen et dans cette région où les meilleurs ingénieurs de l’industrie automobile se croisent à tous les coins de rue, une mère de famille en legging mauve s’avance et résout notre problème d’une main forte, habile et assurée. Tout le wagon l’admire, mais personne n’ose applaudir.