6h45. Alors que le soleil se fait encore attendre sur Alger, je me glisse dans la cuisine de la résidence. Un pot de café chaud, vite une tasse avant d’attraper mon train pour Oran. L’homme à tout faire de la maison vient me saluer, me souhaiter un bon voyage. Il me désigne un sac de boulangerie, tiens, sers-toi. Un pain au chocolat, un croissant. Il veut que je prenne les deux, c’est long le trajet pour Oran. Je m’inquiète de ce qu’il va manger, lui qui va travailler toute la journée. Ne t’inquiète pas, prends tout. Il travaille ici depuis longtemps, dans les beaux quartiers d’Alger, avec tous ces résidents étrangers, ces chercheuses, ces artistes qui viennent d’Europe et des États-Unis. Il sait que nous vivons comme dans un autre monde tout plein de privilèges, de possibles, de confort auxquels il n’a pas droit. Mais il me dit prends tout et ne t’inquiète pas, tu es comme une petite sœur pour moi.
Écrit dans le cadre d'un voyage de recherche financé par Pro Helvetia