Les bibliothèques sont des lieux précieux, bien sûr parce qu’on y trouve des livres, mais aussi, mais surtout, parce qu’on y trouve des gens. Les bibliothèques, c’est propre, à température idéale, équipé en toilettes et c’est gratuit. Alors tous les mal-logés s’y rencontrent. À Nürnberg, la bibliothèque municipale entoure une ravissante cour intérieure, des arbres s’agrippent aux fenêtres à travers lesquelles on peut laisser flotter ses rêves. De jeunes gens étudient l’allemand, des médecins, des ingénieurs venus répondre aux impérieux besoins du marché allemand. Et des personnes sans-abris. Tout près de moi, vient souvent s’installer une belle femme entre deux âges. Elle range très attentivement ses affaires dans ses innombrables sacs puis de ses mains immaculées, elle brode. De petits napperons, de petits napperons d’un autre âge, délicats, inutiles, gracieux. Pendant des heures, dans la bibliothèque municipale, elle brode de petits napperons.