Sa petite grand-mère le serre fort et elle pleure. Toutes les femmes pleurent, la mère, les sœurs, les tantes. Lui qui part, il se retient, comme son père. Son père, il lui caresse le bras, l’accompagne juste un peu plus loin que les femmes. On ne pleure pas, mais on s’aime. Celui qui part est probablement médecin ou spécialiste d’une chose rare et précieuse, plus personne d’autre n’obtient de visa pour la France. L’Algérie est un pays difficile pour les femmes, les homosexuels, les jeunes et toutes celles et ceux qui ne sont pas nés riches et puissants. Mais il y a l’amour. Cet amour que même de passage, en invitée, on effleure, on devine. Celui qui part a passé la douane. Au restaurant de l’aéroport Boumédiène, il commande un café. Autour du gobelet en carton, je vois sa main trembler.
Écrit dans le cadre d'un voyage de recherche financé par Pro Helvetia