À l’école des riches, les enfants noirs, les enfants blancs et les enfants métisses jouent et apprennent ensemble. Ici, l’argent de papa offre le soulagement d’oublier cette drôle d’idée de race au profit du pouvoir nettement plus tangible des grosses voitures, du nombre de domestiques, du brillant des vêtements de marque et autres espaces inutiles dans les maisons. Ils ne comprennent pas encore, pas précisément, à quel jeu cruel ils ont déjà gagné. De beaux enfants, gentils, tendres. À peine stimulés, ils débattent, écrivent, se jettent dans la créativité que je leur propose. Des enfants intelligents, innocents. Et pourtant. Pourtant, dans la classe, un petit garçon est seul au milieu des autres, on ne lui parle pas, on se moque de ses yeux, de son accent, de son écriture, se disant que de toute manière, il ne comprend rien, le « tching tchong ». Un enfant qui parle mandarin, un gamin porteur d’une culture millénaire parmi les plus déterminantes pour notre monde. Un petit garçon d’une différence trop exotiquepour s’éviter la cruauté de ses camarades métisses, noirs et blancs.
Rédigé en résidence à Kinshasa dans le cadre du projet GenevAfrica