Les 3711 mètres du volcan Bisoke me font face. Je viens d’un pays de montagnes, je prends le bâton qu’on me tend et je grimpe. On me propose de porter mon sac, fière, je refuse. Une idiotie, cette fierté. D’abord parce que Theo fait partie d’une coopérative de riverains qui vivent de l’aide aux touristes et puis parce que c’est dur ! Comme pour me punir, la pluie se jette sur nous et transforme la paroi du volcan en patinoire de boue. Je glisse, glisse, glisse… Theo me prend la main et nous rions de nos chutes avec nos 12 mots communs. Il me guide jusqu’à la plaine, me fait traverser de magnifiques champs de marguerites. Lorsque j’étais enfant, je ne devais pas m’approcher des fleurs – allergique aux abeilles, c’était trop dangereux – mais je bravais toujours l’interdit en laissant courir mes doigts aux abords des champs. Aux pieds du volcan Bisoke, je retrouve ce joyeux geste de fille. Et en levant les yeux, je vois les mains de Theo qui voyagent aussi dans les marguerites. Différents en tout et pourtant si semblables. Une fille et un garçon de la campagne.