Le petit-déjeuner s’annonce prometteur. Kreuzberg, le quartier turc de Berlin, s’agite, on prépare les plats traditionnels du matin. Je m’assieds dans un petit café bondé où l’on commande ses böreks au comptoir. Un Berlinois branché qui, comme il se doit ici, a amoncelé vêtements et accessoires d’une particulière laideur dans l’espoir fou de créer une certaine beauté, emporte rapidement de quoi éponger sa nuit. De vieilles mamans voilées se racontent les ragots du quartier en grignotant, des Messieurs lisent le journal avec un excellent café et un papa mange avec sa fille. Il lui parle turc, elle répond en allemand. Il faut commander quelque chose à l’emporter pour la maman qui dort encore à la maison. La fillette décide alors de s’en charger, en turc. Tout le café applaudit, on la félicite, elle fait virevolter ses jolis cheveux blonds et sautille le rose aux joues. C’est si simple, c’est si beau.