On a monté la scène face à la mer – même les plus belles plages du monde disparaissent les nuits sans lune. Les touristes sirotent leur verre de margarita, on badine, on glousse, on s’enivre gentiment en attendant le spectacle. Et puis la musique, les costumes, les danseurs. Portion de pittoresque mexicain pour touristes en mal d’exotisme. Mais quelque chose fait mal, brûle. Les notes, la langue, les tissus, les pas, tout, tout rappelle Madrid. Bien sûr, là un chapeau est plus large, ici la chorégraphie rappelle les curieux mouvements d’un iguane et l’accent est différent. Mais l’essentiel est espagnol. Sous nos yeux, le spectacle de l’obscène réussite de la colonisation du continent américain. Son infinie violence résonne dans les notes de flamenco, devenu folklore mexicain.