L’heure de pointe se profile dans ma Coop – je vis en Suisse depuis toujours donc non seulement j’ai choisi mon camp entre Migros et Coop, mais en plus, j’ai élu un magasin comme le mien. Mon panier est plein, il est temps de payer. Je tourne le dos aux caisses automatiques et je me dirige vers une femme qui travaille, une caissière. Elle est venue encore jeune fille du Congo et fait biper mes produits bio-bobos depuis dix ans. Isa, c’est Isa son nom. Stéphane, qui exige d’être appelé Steph et se trouve en possession d’un des derniers authentiques accents genevois du quartier, me laisse passer. Dans le caddie de Steph, on trouve de la raclette, du vin blanc, de la charcuterie et du chocolat. Et Steph, il porte sur lui sa générosité, comme un bouclier face à l’adversité du monde. Il en plaisante et lance à Isa, depuis que j’ai arrêté de faire l’amour, je mange ! Et elle lui répond, mais c’est les deux qu’il faut faire !Manger et faire l’amour, certainement. Et ne jamais aller aux caisses automatiques.