La nuit est tombée sur Alger, les rues se vident, ne restent que la police et quelques garçons qui trainent leur ennui. Mais pas dans le restaurant. Bien caché derrière une lourde porte et d’opaques rideaux, on y trouve des femmes en robes moulantes, de l’alcool et des cigarettes. Le patron à la longue barbe – les hommes ont ce précieux privilège de pouvoir passer pour un hipster et un islamiste – bichonne ses hôtes. On mange plutôt bien dans le restaurant, de la cuisine à la française et puis on y boit du vin algérien qui caresse gentiment la bouche. Dans le restaurant, on peut aussi voir le match sur de grands écrans, Paris contre Madrid. L’homme qui m’accompagne ce soir est un Parisien, un vrai. Il est évidemment le seul à vibrer lorsque son équipe marque à la dernière minute. Pourtant, notre voisin de table, au nom de l’esprit sportif, nous offre le digestif de la victoire. Dans le restaurant, on rêve un instant d’un PSG en finale et d’un monde où l’on pourrait tout régler avec des matchs de foot, des digestifs et des robes moulantes.
Écrit dans le cadre d'un voyage de recherche financé par Pro Helvetia