On se tient très solennel, on mesure l’importance, le symbole de la cérémonie. On veut montrer son respect à la délégation Haudenosaunee, aux représentants officieux des Saamis et de la Guyane française présents dans l’auditorium du musée pour ce moment rare. En ce mardi après-midi, une certaine Genève a bien répondu présente, des cultureux – des cadres surtout –, deux écrivains, la presse, quelques universitaires. Il s’agit d’être là, de témoigner du temps, de l’époque qui change. Mais voilà, c’est long, on s’ennuie. Le Monsieur de la politique tripote son téléphone, des enfants s’agitent, on s’endort discrètement. La remise formelle du masque et du hochet arrive enfin, maladroite, un peu ridicule lorsqu’il faut poser pour la photo. Et puis la cérémonie de combustion du tabac n’a rien de spectaculaire, une odeur agréable se répand, une fine fumée pique les yeux, c’est tout. Il nous aura fallu deux heures. Deux heures pour déclarer officiellement que ces deux objets exposés au Musée d’Éthographie de Genève n’y étaient pas à leur place et appartenaient à la Confédération Haudenosaunee. Deux heures sans feux d’artifices ni grande musique. C’est que la justice, ce n’est pas un spectacle. Et ce jour-là, la justice, c’était ce simple geste. Deux petits cartons qui changent de mains.
7 février 2023 Cérémonie de restitution d’un masque et d’un hochet Haudenosaunee au MEG